FÉDÉRATION DES CENTRES PLURALISTES DE PLANNING FAMILIAL ASBL

Tous les 3 mois, découvrez le portrait d’un·e travailleur/euse d’un CPF (Centre de Planning Familial) affilié à la FCPFF.

[Portrait #2] – Décembre 2022 / Antoine Nicolas – Coordinateur du CPF du Midi

J’ai toujours aimé soit le médical, soit la jeunesse

Je suis ingénieur social. C’est une formation universitaire qui offre des outils de gestion de projets, évaluation, création et gestion d’asbl de type social. Avant de travailler en planning, j’ai beaucoup travaillé dans le secteur de la jeunesse.
Je suis maintenant coordinateur du CPF du Midi, mais jusqu’en août 2022, j’étais dans l’équipe d’animation. Je suis également administrateur dans plusieurs associations, donc deux CPF et j’accompagne en individuel des personnes (coaching, hypnothérapie). J’ai aussi développé une expertise dans la gestion d’asbl et dans la gestion commerciale.

Le nerf de la guerre

Dans toutes les asbl, la question financière est présente : comment va-t-on boucler le budget ? comment faire pour avoir plus de moyens ? L’aspect commercial s’insère dans le social. Selon moi, ce n’est pas en accroissant le rythme de travail qu’on obtient plus de moyens financiers, mais plutôt en négociant des partenariats financiers à l’extérieur. Par exemple, pour notre planning, je fais des démarches pour obtenir des dons et des legs. Je m’adresse également à la Fondation Roi Baudouin, au Rotary Club, au Lions’ club… Je sais aussi où et comment demander des subsides supplémentaires. Cela s’ajoute bien entendu à la gestion normale du planning, de l’équipe, du projet, du changement.

Il y a des changements qui sont bien accueillis et d’autres pas

On est en plein dans le changement. En tant que nouveau coordinateur, j’essaie d’apporter des changements que je trouve pertinents, par exemple, l’informatisation de la gestion des dossiers ou le fait de travailler avec des dossiers partagés. Ma façon de faire n’est pas exactement la même que l’ancienne coordination. J’essaie de travailler au service de l’équipe et des bénéficiaires.

Les spécificités du planning du Midi

Notre spécificité, c’est le public jeune. On a deux psychothérapeutes qui accueillent les enfants. Dans l’équipe EVRAS également on travaille notamment avec les petits de maternelle et de primaire.

Je ne dirais pas que c’est spécifique, mais on a pas mal de dossiers de violence conjugale. Et on gère également des suivis de mises sous contraintes. Enfin, le CPF fait partie du projet pilote de TROD (tests rapides d’orientation diagnostique) : on pratique donc des tests rapides de dépistage du VIH.  La personne se fait piquer le doigt et on obtient la réponse dans les 3 minutes. Trois travailleuses du planning ont été formées et sont donc de plus en plus indépendantes vis-à-vis de la Plateforme Prévention Sida.

La militance au quotidien

Pour moi, il n’est pas possible de travailler en planning si on n’envisage pas une égalité (LGBT et de genre) à tous les niveaux. La plupart des personnes engagées sont militantes et je trouve ça très bien. Le côté IVG n’est pas le même pour tout le monde : certains travailleurs ne sont pas forcément pour l’IVG, mais ont l’obligation de réorienter les personnes en demande d’une IVG. En ce qui concerne la militance dans la rue, c’est un choix personnel, mais je vois qu’il y a une différence générationnelle.  Les nouveaux travailleurs, dont moi, n’ont pas dû se battre pour certains droits ; ils étaient déjà acquis. Les travailleurs de la génération sortante qui arrivent tout doucement à la pension, disent « mais tu ne te rends pas compte, on a dû se battre pour avoir l’autorisation d’interrompre une grossesse »… Ils nous expliquent la mémoire d’un planning. Je me rends compte que je ne suis pas aussi militant dans la rue que la génération sortante.

LGBT, le combat qui compte le plus

Par rapport aux questions de genre, la société est en marche et c’est très bien. On a été à la pointe à un moment, selon moi, mais maintenant la société a pris le relais. Il ne faut pas perdre ce combat de vue, mais c’est en marche. Tandis que sur les questions LGBT, il y a encore des choses à faire pour que la société prenne le relais. Il y a encore beaucoup de crimes homophobes.  Pour moi, l’axe LGBT est un combat de première ligne pour tous les plannings et pour certains plannings, il y a aussi l’IVG (donner le droit aux femmes de choisir).

Éthique de l’avortement

Depuis environ un an, on sait diagnostiquer le sexe de l’enfant à moins de 3 mois (11 semaines) quand on est encore dans la période où il est possible d’avorter. Un problème éthique se pose au sein de certains plannings et même au sein d’une même équipe. Dans tous les CPF qui pratiquent l’IVG, on défend l’idée que c’est la personne qui fait le choix d’interrompre une grossesse en fonction de son contexte de vie. Mais faire une interruption de grossesse parce que c’est une fille (et que je voulais un garçon) ou l’inverse, est-ce qu’on est dans le même cadre que lorsque la personne dit je ne me sens pas prête ou mon contexte de vie est difficile… ? Est-ce que ce sont les mêmes valeurs qui sont en jeu ? Les plannings qui pratiquent l’IVG vont devoir se positionner.

Quelque chose dont je me sens fier

Ce qui m’impressionne, c’est de voir comment ce planning du Midi reste droit, continue à militer alors qu’il a traversé plein de changements : un déménagement suite à la vente des bureaux précédents, un changement de coordination, l’arrivée de deux nouvelles personnes et, dans deux ans, le départ de deux personnes qui sont des piliers du planning. Je suis impressionné de la faculté d’adaptation de l’équipe et de sa faculté de remise en question. Malgré tous ces changements, le planning s’adapte et continue. Et ça, sans compter le Covid !

Une référence à partager

Un livre incontournable, c’est Jouissance Club : c’est très chouette tant pour des couples, que pour des personnes individuelles, quel que soit leur genre, pour apprendre des choses qui ne sont pas forcément expliquées ailleurs.
Deux autres livres incontournables : Le secret des femmes et La révolution féminine d’Élisa Brune. Ce sont deux livres qui abordent le plaisir féminin. Ce sont des bibles pour des personnes qui cherchent à comprendre le plaisir et se légitimer (« moi aussi j’ai droit au plaisir »).