Auteur·ice(s): Célia Didier
Avril 2025
Il n’a échappé à personne que, depuis plusieurs années, l’Europe et les États-Unis font face à une vague réactionnaire renouvelée. Les symptômes de cette vague sont divers et se traduisent par l’apparition de nouveaux termes et concepts rapidement adoptés par le monde politique et par la presse : « wokisme », « théorie du genre », « lobby LGBT » sont quelques-uns de ceux-ci, qui participent à forger le paysage social et culturel international actuel.
Alors que la Belgique restait jusqu’ici plutôt à l’abri du recul des droits humains observé en Europe et en Amérique du Nord, il semble bien que cela ne soit plus le cas aujourd’hui. En atteste la « guerre culturelle » menée actuellement par Georges-Louis Bouchez (selon ses propres mots), passant en partie par les coups de boutoirs intensifs portés contre le Guide EVRAS* depuis 2023. Autour de l’EVRAS, ce sont finalement des visions très différentes de la société qui s’affrontent, chaque camp se défendant de détenir la vérité scientifique, de garantir la neutralité de ses opinions et de se défendre de toute partialité. C’est pourquoi il est essentiel de permettre qu’une évaluation externe à ce débat politique et ne défendant d’autre enjeu que celui du bien-être des enfants et des jeunes puisse intervenir pour apaiser les craintes des parents et surtout légitimer enfin les balises de l’EVRAS. Les acteur·ices à la base de la rédaction du Guide n’ont jamais défendu autre chose que cette issue-là.
Si l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle est devenue un enjeu politique, aucune avancée significative ne pourra s’opérer, car c’est toujours au service des enfants et des jeunes qu’elle se doit d’être pensée. Dépolariser la question de l’EVRAS, rétablir du dialogue, éviter de cristalliser les positions, voilà tout l’enjeu auquel nous devons faire face si nous voulons permettre à la Belgique de continuer d’être une exception face à la montée des courants réactionnaires.